La santé en France est bien malade

Publié le 26 Mai 2016

La santé en France est bien malade

Une étude de la Caisse nationale de l’assurance maladie début avril fait un constat préoccupant : le nombre de médecins libéraux ne cesse de diminuer en France. Ils étaient 114 400 en 2015, contre 116 600 en 2011, soit 1,9 % de moins, alors que la population française a augmenté de 2,2 %. Le repli est plus marqué pour les généralistes que pour les spécialistes.

Ce constat rejoint celui, plus large, dressé par le « Panorama de la santé 2015 » de l’OCDE, l’organisation qui regroupe les pays les plus développés de la planète. Selon cette étude, la France est très en retrait de ses principaux partenaires européens pour ce qui concerne le nombre de médecins pour 1 000 habitants. Elle n’en compte en 2013 que 3,3 contre 6,3 en Grèce, 5 en Autriche, 4,9 dans la Fédération de Russie, 4,1 en Allemagne,…

La France est dans le peloton de queue pour ce qui concerne le nombre de nouveaux diplômés en médecine.

Autre signe inquiétant : le corps médical français vieillit. La France est l’un des pays où la proportion de médecins âgés, ayant plus de 55 ans, est la plus élevée : 45 %. La moyenne pour l’OCDE est de 33 % et l’on trouve, parmi les pays ayant l’effectif le plus jeune, le Royaume-Uni avec un taux de seulement 13 % de médecins de plus de 55 ans, l’Irlande avec 21 %, les Pays-Bas avec 25 %, l’Espagne avec 26 %. Et l’on ne peut espérer un redressement rapide : la France est dans le peloton de queue pour ce qui concerne le nombre de nouveaux diplômés de médecine avec un taux de 9 pour 100 000 habitants. Même si ces dernières années les limitations à l’entrée des facultés de médecine ont été légèrement desserrées, elles restent encore trop sévères.

On a voulu faire de la politique de gestion des personnels de santé un outil de la limitation des dépenses d’assurance maladie, escomptant qu’en réduisant l’offre de médecins on pourrait freiner plus facilement la hausse des dépenses maladie. En fait, on a abouti à créer des déserts médicaux sur le territoire. En ce domaine aussi la prétendue « politique de l’offre » est en échec. À vouloir faire du corps médical le garde-chiourme des politiques d’austérité successives et à tenter de transformer les établissements de soins en entreprises, on a rendu la santé malade. Les critères de la rentabilité financière inspirent désormais les gestionnaires des hôpitaux au détriment de la qualité des soins et de l’égalité entre patients. Aussi, les besoins non satisfaits d’examen ou de traitement médical sont-ils passés de 3,5 % en 2005 à 6,6 % en 2014. La contribution directe des Français à leurs dépenses de santé tend à croître. Des hôpitaux, accablés de dettes, sont au bord de la faillite. François Hollande ne fait pas qu’échouer sur le chômage.

Rédigé par Pierre Ivorra

Publié dans #santé

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